La montée fulgurante de la prise de conscience de ce que les animaux endurent avant d'arriver dans nos assiettes est source de bouleversements considérables qui ne font que commencer et prennent de l'ampleur d'année en année. Le tout est exacerbé par de nouvelles recherches rigoureuses montrant l'impact environnemental gigantesque de l'élevage animal relativement à l'alimentation végétale, ainsi que des bienfaits pour la santé d'une alimentation végé. Plusieurs documentaires, d'anciens travailleurs d'abattoirs (par exemple ici, ici et ici) et beaucoup d'anciens producteurs de viande et de lait ayant adopté une vie sans produits animaux décrivent sans détour et dans le détail les réalités de tous les jours dans l'élevage animal et le portrait qui émerge glace le sang tellement c'est surréel que nous participions à tout ça presque à chaque repas. Mais une alimentation végane (sans produits animaux) est-elle vraiment la moins "cruelle et destructrice" de toutes les approches possibles et réalistes aujourd'hui et dans le futur? D'abord explorons l'éthique et le local... De façon générale, la majorité des gens sont "contre" ce qu'ils découvrent lorsque confrontés aux faits documentés et directement observables des conditions de vie quasi indescriptibles des animaux dans l'élevage de gros volume (élevage industriel, ou en anglais le "factory farming"), ainsi que des conditions de mise à mort dans les abattoirs à gros volume, ce qui est l'immense majorité de l'élevage et de l'abattage, donc la majorité de la viande, des œufs et des produits laitiers. La norme dans l'élevage et l'exploitation animale est le refoulement des émotions et de l'empathie, la distanciation face aux animaux, à leurs émotions et à leur souffrance... bref, le déni... Incluant dans tout ce qui est "éthique". Pour que vous ayez des ordres de grandeur pour les pays industrialisés, les "opérations intensives" c'est environ 99% du poulet et de la dinde, 95% du cochon, 60% à 80% de la viande de boeuf, 95% du lait. Ces données sont directement disponibles dans les données officielles du "Ministère de l'agriculture" des Etats-Unis et via les données de l'Union Européenne (ici et ici) pour l'Europe. En gros, c'est partout pareil, et le Québec/Canada et la France ne sont nullement différents de tout le reste, malgré la croyance du contraire chez beaucoup de personnes. À la lumière de ces faits troublants, la viande de provenance "éthique et locale" est soudainement le sujet de l'heure: les consommateurs en veulent et les producteurs en offrent... ça semble soudainement sortir de partout sans problème. Soudainement tout le monde connaît un fermier gentil et attentionné envers ses animaux qui habite pas loin. Les lobbies de la viande et du lait font du temps supp pour "spinner" le message de la viande éthique, écolo, etc. Bientôt tout sera "éthique" et ça ne voudra rien dire (c'est déjà le cas). Avoir bonne conscience Puisque le consensus semble être que l'élevage intensif est immoral, je ne vais pas étirer la discussion sur ce sujet, mais il faut savoir que TOUTE viande, œufs, lait, fromages et autres produits animaux que vous achetez (incluant à la "boucherie du coin" et au restaurant) qui n'est pas clairement étiquetée de façon crédible et vérifiable "éthique et locale" (et significativement plus chère) provient vraisemblablement d'un élevage intensif dans lequel l'animal a vécu un enfer de désespoir et une mise à mort dont vous ne voulez probablement pas entendre parler... Je tiens aussi à noter que le lait (et donc le fromage etc) "éthique" est par définition impossible. Je parlerai du lait et des vaches laitières dans un autre article tellement il y en a long à dire, mais voici un article d'un des nombreux anciens producteurs de lait "éthique" qui est maintenant dans une vie végane. Donc, parlons de tout ce fameux "éthique et local" qui est tant en vogue... L'idée de la viande éthique et locale est tout à fait logique. On veut de la viande parce que c'est bon, pour le plaisir gustatif et culinaire, mais on veut que l'animal ait été relativement "heureux". On n'aime pas l'idée que l'animal ait eu une vie de désespoir et de souffrance, tout de même! Un peu comme la chasse: quand un chasseur part dans la forêt avec son fusil et tue un orignal ou un cerf, au moins l'animal aura été en toute liberté et somme toute "heureux" jusqu'au moment de sa mort, ce qui est finalement un peu comme le cas des proies de prédateurs comme les loups et les lions: leurs proies sont libres et SANS "interventions" cruelles durant toute leur vie. Les victimes ne sont pas transportées et entassées les unes sur les autres, ni envoyées dans des abattoirs, etc. L'acte de chasser est un acte violent. Une balle transperce l'animal jusque-là libre et heureux, il vacille, il est terrorisé pendant un moment... et c'est la fin de sa vie, cette belle existence vibrante d'émotions et de mouvements, libre et heureuse dans la forêt... Oui, si vous lui demandiez, l'animal aurait choisi de continuer à vivre, même si, oui, "peut-être" qu'il aurait été tué par un loup ou un grizzli un jour... ou pas... Il ne faut pas minimiser ou banaliser un acte qui met fin à une vie alors que d'autres options sont disponibles. Le lion, le loup et le grizzli et tous les autres prédateurs n'ont PAS de "choix" - ils font exactement le rôle qu'ils ont dans la Nature, et évidemment ils n'ont pas leurs victimes dans des cages. Seuls les humains n'ont PAS de rôle assigné et sont donc confrontés à des choix. Nous avons aussi un impact disproportionné sur les animaux et sur la planète, ce qui n'est pas le cas d'aucune autre espèce. Nous avons donc un "poids à porter", la responsabilité, que nous refusons de porter, ce qui donne pour le moment une catastrophe sans nom de souffrance animale et humaine et de destruction des forêts et des océans. Mais je peux comprendre que la chasse et son plus proche équivalent (la viande éthique d'animaux "en liberté", ou "Wild Grazing") puisse être perçue comme moins pire que les horreurs de l'élevage intensif. Et en termes comparatifs, je suis d'accord! Clarifions donc tout cela, puisque c'est un sujet de plus en plus discuté dans le tsunami végan qui déferle partout dans le monde... Qu'est-ce que la viande locale? L'aspect local est facile à comprendre: l'animal doit provenir d'une ferme ET d'un abattoir dans un rayon de plus ou moins 500 km. Pourquoi? Parce que dans ce cas on peut vérifier la véracité de l'aspect éthique et de la vie des animaux ET les animaux n'ont pas à subir un transport dans ces camions de la mort ou wagons de train pendant 20-60 heures terrorisés, entassés les uns sur les autres, sans eau ni nourriture (pour que les intestins soient vides rendus à l'abattoir), dans leurs excréments, plusieurs blessés, paralysés de peur, avec pattes cassées, et malades... Le "local" c'est aussi plus "environnemental" en général, puisqu'il y a évidemment moins de transport. Bref, le local dans la viande, les gens aiment ça. On se sent plus près du fermier local, ce qui rejoint l'idéal nostalgique et romantique du "fermier bienveillant" qui aime ses animaux. Mais le "fermier local" est-il vraiment gentil et bienveillant avec ses animaux? Il vous dit que oui, évidemment. À quoi vous attendez-vous? Qu'il dise ouvertement ce que ses animaux subissent? Qu'est-ce que la viande "éthique"? Tout comme moi dans le passé, l'idée que les gens se font de la viande éthique est quelque chose comme ceci: Ces animaux semblent très bien, et effectivement, je suis sur que spécifiquement dans cette photo et à ce moment, "ça va"... ça a l'air d'aller, quoi! On a envie de se joindre à eux tellement c'est relaxant! La belle vie! Levons le voile d'illusion... Voici la réalité de tout ce qui est éthique et local... J'INSISTE pour ceux qui résistent les faits et la réalité: ce que je vais décrire ici est la NORME, c'est-à-dire 90%+ des pratiques retrouvées dans les élevages éthiques, qui eux-mêmes représentent au MIEUX 10% de la viande, du lait, des œufs, et autres produits animaux etc. Oui, au Québec, au Canada, en France et partout ailleurs... ce qui n'est PAS décrit ici est l'élevage industriel, qui est bien pire encore et représente quasi toute la production et consommation... Significativement moins de 1% des produits animaux sont "vraiment éthiques" au sens que vous l'imaginez: le fermier "gentil" qui ne maltraite jamais ses bêtes et qui les abats lui même d'un coup de fusil dans le front, sur sa propre ferme. La viande de "terroir" avec de l'élevage très petit et des animaux dans les champs quasi en permanence. Ça c'est l'ultime viande éthique et locale, et encore, eux aussi font plusieurs des manipulations classiques décrites ci-dessous, mais juste pour être clair, le plus éthique imaginable est l'éleveur qui tue lui-même ses animaux, après avoir fait quelques manipulations décrites plus bas, pas devant les autres animaux et sans douleur ou peur lors de la mise à mort et après une vie de libre circulation dans des champs ouverts. Évidemment, il évite de leur donner un nom et de trop se rapprocher. Imaginez mettre une balle dans le tête de votre gentil, heureux et amical chien ou chat. Quelque chose comme ceci est ultra éthique, bien que la vie de l'animal soit écourtée d'environ 90% au moins dans presque tous les cas, relativement à leur espérance de vie normale: Que c'est gentil de tuer d'une balle dans la tête un animal qui aurait pu vivre 90% de plus de vie, tout ça pour le goût et la résistance au changement! Y-a-t-il une façon "éthique" de tuer un être qui veut vivre quand on des options qui permettent de ne pas le tuer? Une façon "sans souffrance", oui: une balle dans la tête à un animal qu'on ne maltraite jamais, même pas un peu et qui est toujours libre et heureux… mais une justification éthique? Pensez-y... Mais ceci est une fraction tellement petite de ce qui est "éthique" (qui est une fraction infime de toute la viande, lait, œufs, laine, duvet, etc.) que c'est franchement négligeable... donc parlons de la norme de ce qui est déjà très minoritaire, l'éthique et le local "classique"... L'immense majorité de tout ce qui est éthique est comme suit:
Tout ceci est "éthique et local"... et on n'a pas encore parlé de ce que les poules pondeuses et les poulets de viande des élevages "éthiques" endurent, ni de ce qui se passe dans l'abattoir... Et encore moins des pauvres vaches laitières, pour qui je réserve un article futur juste pour elles tellement c'est lourd et long...
Les "poules en liberté éthiques"... voici ce que nous avons en tête: LE BONHEUR! ...et voici la réalité pour l'immense majorité des poules "en liberté" des élevages "éthiques", qui ont rarement accès à la lumière du jour, beaucoup trop entassées pour être véritablement calmes et "heureuses" et avoir des comportements normaux et sains pour leur espèce, etc. Et encore, j'ai vraiment choisi un cas "pas si pire", car je ne veux pas me faire accuser d'exagérer... ![]() Le transport et l'abattoir Les animaux sont presque tous envoyés à l'abattoir. Pour les faire monter dans le camion, il faut d'abord les "encercler", puis les "enligner" pour qu'ils montent les uns après les autres dans le camion de la mort ou le wagon de la mort. Les animaux sont confus et stressés. Ils se font encercler et enligner par une combinaison de quatres roues motrices, de chevaux et de "chiens de troupeaux" ("cow dogs") qui mordent les chevilles des bœufs, vaches, porcs, moutons, chèvres, chevaux terrorisés... Pour les poules en transport vers l'abattoir... j'aime autant ne pas en parler... Ensuite il y a l'embarquement dans le camion qui doit les mener à l'abattoir, ce qui est forcé de différentes façons. Dans les plus petits élevages, les quelques bêtes sont incitées à entrer en y mettant de la nourriture après les avoir affamés le jour d'avant, mais parfois il faut les "aider" à coup de pied, coups de bâton de baseball, décharges électriques au visage et sur les flancs, etc. Dans les plus gros élevages éthiques, la norme est l'usage de barres avec décharges électriques au bout qui sont généreusement utilisées pour "faire avancer tout le monde" et charger le camion de bêtes stressées, entassées les unes sur les autres, qui se pissent dessus et décharges leurs excréments les unes sur les autres dans le transport qui dure typiquement entre 20 et 80 heures dans une chaleur ou un froid intolérable, en désespoir visible, sans eau ni nourriture, etc. On cesse de leur donner à manger ou à boire avant l'embarquement pour qu'ils soient "bien vides" rendus à l'abattoir. C'est plus pratique quand ils sont ouverts en deux... Encore une fois, tout ceci est "éthique". Et en toute franchise, on ne couvre pas tout car il y a tellement long à dire pour lever le voile au complet qu'ils n'y arrivent même pas dans des documentaires professionnels de 2 heures... En avez-vous eu assez? Lourd n'est-ce pas? Et pourtant nous y participons en achetant des produits animaux! La liste s'étire sans fin, comme la coupe des oreilles et de la queue et des dents des porcs sans anesthésie (quoique ceci existe dans les élevages éthiques, c'est plus répandu et même la norme dans les élevages industriels, qui produisent au moins 95% de la viande de porc). Un mot sur les vaches / bœufs en liberté Vous êtes en road trip avec la musique "feel good" à fond et vous voyez passer tout au fil du magnifique paysage des champs avec des animaux en liberté. C'est beau et paisible et ça vous donne l'impression que ces animaux font la belle vie. Ces animaux "en liberté" finissent presque TOUS par passer environ le dernier tiers de leur courte vie (4 à 6 mois sur 18 mois pour les bœufs) dans ce qui est appelé des "CAFO", pour "Confined Animal Feeding Operation", ou "opérations intensives d'engraissement animal". Ces opérations existent partout dans le monde et sont en retrait et bien cachées des routes et du public, mais c'est encore une fois la norme. Donc MEME ces bœufs en liberté dans les grandes plaines vont subir plusieurs des atrocités que je viens de décrire et la majorité passeront au moins le tiers de leur vie dans un endroit comme ci-dessous, dans lequel ils sont dans la boue, les excréments et sont "boostés" aux grains comme le soya, le maïs, le blé et quelques autres grains, ce qui leur cause beaucoup de problèmes de santé au point de causer des morts (qui restent là étendus sur le sol pendant des jours) et des infections... beau topo... Notons que les champs de végétaux destinés aux animaux représentent BEAUCOUP plus d'espace que l'espace occupé pour les champs de végétaux destinés aux humains. Rien de tout ce que je décris ici est "spécial" ou "exagéré" ou rare. C'est la norme. L'éthique et le local, c'est ça. Le gros volume, c'est pire encore et je me suis bien gardé de discuter de l'élevage à gros volume, qui encore une fois est l'immense majorité des produits animaux. Ce gros volume peut ressembler à ceci, bien que parfois l'étiquette "éthique" peut même arriver à passer pour ceci s'il n'y a pas de vérification, ce qui est fréquent: La difficulté de vérifier le "local et éthique" Il est impossible de vraiment avoir l'heure juste sur les conditions de vie, de transport et de mise à mort des animaux dans nos assiettes. Les producteurs et hauts gestionnaires d'abattoirs fonctionnent sur la cachette, le mensonge, la manipulation et nier toutes les atrocités, osant même dire que "la cruauté est interdite" et que "tout est fait pour minimiser la souffrance" des animaux, ainsi que "toutes les règles gouvernementales sont respectées". C'est faux, mais évidemment ils ne le diront pas. Les règles sont souvent respectées, mais elles ne veulent rien dire et n'ont pas de "mordant"... Plusieurs ex travailleurs d'abattoirs et producteurs maintenant végans témoignent de ce qui se passe réellement. À moins que vous étiez vous-mêmes présent pendant la vie de l'animal et d'assister personnellement à son transport et à sa mise à mort, vous ne savez rien et il est hautement probable que cet être a vécu l'enfer, la terreur et le désespoir plusieurs ordres de grandeur de plus que la chasse ou la mort par un prédateur naturel. La réglementation est aussi impossible dans la réalité et existe seulement pour donner une façade qui "rassure" les citoyens que "le gouvernement surveille tout ça". Non. La surveillance serrée est impossible étant donné l'immense volume de l'élevage et la réglementation trop stricte ne fait que fermer les élevages et abattoirs et le tout se fait ailleurs et les produits animaux sont importés, ce que les politiciens détestent... Un bel exemple est l'Inde, qui interdit l'abattage de vaches dans 20 des 29 états... les 9 états le permettant sont très occupés et exportent aux 20 autres. Les atrocités se font tout simplement ailleurs. Ridicule. Dès qu'on règlemente trop fortement l'élevage, le transport et les abattoirs, la "production" va ailleurs et le pays/état plus "éthique" ne fait qu'importer la viande et le reste des produits animaux au lieu que ce soit fait au niveau domestique. C'est équivalent à déléguer le sale boulot en se fermant les yeux et en se donnant bonne conscience. Mais plus près de la réalité, la réglementation devient plus "stricte" sur papier, mais rien ne change dans la réalité. Ceci explique l'état des choses partout dans le monde, incluant au Québec, au Canada et en France. Pourquoi les élevages intensifs ont pris tant d'importance? De l'An zéro aux années 1600, la population humaine était de moins de moins de 500 millions. Avant l'An zéro, nous étions significativement moins que 200 millions sur toute la Terre. On avait de la place et on avait peu d'impact "global" sur la planète. Il y a seulement 200 ans, nous étions encore seulement 1 milliard... nous serons bientôt 8 milliards en direction pour 9 ou 10... La Terre a presque 5 milliards d'années et ça aura pris moins de 500 ans pour vider les océans de poissons, y abandonner des quantités phénoménales de déchets, de plastique et de filets de pêche, détruire le couvert végétal, exterminer des espèces à un tel rythme que nous sommes la cause de la 6e extinction de masse, et changer les patterns de climat... faut le faire, tout de même! WOW! Tout ce beau monde qui consomme des produits animaux ne peut PAS fonctionner avec un élevage "local et artisanal"... il faut du gros volume. MEME si tout le monde consomme beaucoup moins. Les ordres de grandeur sont trop énormes. L'élevage "vraiment éthique" avec des animaux en "liberté" dans un cadre sain, permettant de bouger et avoir une vie relativement normale exigerait entre 4 et 6 planètes Terre... on ne les as pas. Il faut donc "entasser" les animaux les uns sur les autres et avoir une grande "efficience" dans l'élevage et l'abattage. L'énorme volume débouche automatiquement sur l'élevage "industriel" dans lequel l'animal est véritablement traité comme un objet inanimé qu'on "manipule" et "transforme" en paquets de bacon, de burgers et de filet mignon, tout en cachant bien la réalité derrière le voile de déni et d'illusion. Il est impossible d'avoir des animaux relativement "bien traités" et sans trop de destruction environnementale avec la population mondiale que nous avons. Point. De plus, l'élevage animal contribue plus à la pollution mondiale, à la déforestation et aux changements climatiques que tout le transport mondial combiné. Il est donc étrange de se dire préoccupé par l'environnement et consommer des produits animaux. Encore PLUS étrange de se dire empathique et "amoureux des animaux" et consommer des produits animaux, issus d'êtres riches en émotions et capables de souffrir à la fois physiquement et psychologiquement. Impasse morale Parfois en échangeant avec des gens, certains me disent que toutes ces manipulations que nous faisons subir aux animaux n'est "pas si pire" car ce sont "juste" de mauvais moments à passer. Castration, écornage, chocs électriques, transport, "expérience" de l'abattoir (que je n'ai pas décrite), etc. Quelques mauvais moments à passer mais "c'est pas si pire"? Vous emmenez votre chien ou votre chat pour se faire castrer chez votre vétérinaire. Imaginez que votre vétérinaire vous dise "OK je fais ça rapido ici, attendez 2 minutes, je reviens"... il arrache à vif et sans cérémonie les couilles de votre chien en panique et en douleur, en vous disant "bah il va s'en remettre"... ce serait correct? Vraiment? ... et si ce n'était que ça... mais non... votre chien aura régulièrement de ces "mauvais moments"... et au lieu de lui laisser faire l'expérience d'une vie "heureuse" de chien de 10 ou 15 ans, vous lui écourter tout ça à 1 an... mais vous le faites de façon éthique: une balle dans la tête... Pensez-y. Quand on est rendus là, il faut se questionner plus honnêtement sur la profondeur de notre déni et nos pirouettes psychologiques qui cherchent à "sortir de l'impasse" causée par la dissonance cognitive. Comme je l'explique dans "3 raisons pour choisir le véganisme", la logique est simple: en présence d'options non animales, consommer de la viande et des produits animaux, c'est choisir de tuer (et terroriser et torturer) des animaux paisibles, innocents et sans défense pour le plaisir gustatif et culinaire. C'est pour cette raison que les gens qui militent pour 1) la lucidité totale et la pleine reconnaissance de la réalité sans déni ou illusion et 2) la compassion... vivent généralement une vie végane, comme Matthieu Ricard, par exemple. Notons que choisir une vie végane n'est absolument PAS incompatible avec le fait de militer et travailler à réduire la souffrance humaine - c'est même le contraire! L'existence de souffrance "quelque part" ne peut pas servir comme "permission sans retenue" de participer activement à un système qui génère désespoir, souffrance et destruction, alors que d'autres options sont directement disponibles. On ne rend pas le tout "acceptable" en changeant la réglementation. En présence d'options de base végétale, consommer des produits animaux c'est dire qu'on place le plaisir gustatif devant la vie de l'animal et devant la santé de la planète. Position difficile à tenir. Je l'ai fait pendant 44 ans et une fois que j'ai su toute l'info, j'ai changé radicalement. On change le monde en se responsabilisant, en sortant complètement du déni et en cessant de participer à ce système en cessant d'acheter des produits animaux. Point. L'assiette végane est-elle véritablement moins cruelle et polluante? C'est une excellente question! Après tout, les champs de végétaux aussi causent la mort de souris et autres animaux à la fois par le processus de récolte ET par les produits chimiques utilisés ET parfois même par le fait que le fermier tue les chevreuils et autres animaux qui affectionnent les végétaux de ses champs cultivés. L'assiette végane aussi contient de la souffrance! Il ne s'agit PAS de trouver une alimentation SANS souffrance et SANS destruction environnementale qui serait applicable pour l'ensemble de la population. Ça n'existe pas. Il s'agit de trouver la moins pire! Ce sujet étant d'une grande importance, je réserve une discussion détaillée dans un article à venir pour ce sujet uniquement. Pour les plus ou moins 1 million de calories qu'un humain mange par année, quelle est la source alimentaire la moins "lourde" en désespoir, mort, et dégradation environnementale? Ceci exige une enquête rigoureuse qui tient compte de l'ensemble du portrait sans déni et sans biais... D'ici à cet article, je vous laisse y penser... Je brule de vendre le "punch", mais je garde le suspense ;) Partagez et circulez! Pascal Bédard lechoixv@gmail.com
8 Commentaires
daniel charbonneau
8/31/2018 01:40:12 pm
Je vais t'écrire sur ton post dans AV.
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Ndack Kane
8/31/2018 03:13:04 pm
Merci Pascal pour cet article bien détaillé. J'ai apprécié les liens logiques que tu fais concernant l'environnement et le saut qui a été effectué en termes de populations et d'exploitation des ressources lors des 500 dernières années. Je l'ai apprécié parce que, sur ce sujet, les consommateurs non vegan préfèrent souvent le déni parce qu'ils ont le sentiment d'être au tribunal, en train d'être accusés de la souffrance d'êtres vivants, et n'apprécient pas ce sentiment de culpabilité. Mais lorsqu'on part l'analyse à partir d'une perspective historique, il est possible de voir que la Nature avait toujours était relativement dure sur l'humain (taux de natalité et de mortalité élevés), autant que sur les autres êtres vivants, mais qu'avec l'industrialisation, un shift s'est opéré sur l'humain qui est devenu le prédateur numéro 1 et même au-delà, car il n'est même plus juste un "prédateur naturel" per se... Cette évolution doit être contrôlée pour être positive et non pas destructrice, ce qui passe par la "responsabilité", le mot-clé ici. Mais auquel il faut ajouter "collective" car, comme tu l'as si bien démontré, si une minorité est responsable de ce côté-ci de la planète, d'autres qui le sont moins ou pas, de l'autre côté de la planète, continueront ces pratiques pour finalement vendre ces produits alimentaires à tous... Il n'y a pas d'offre sans demande donc tu sensibilises les consommateurs, ce qui est un objectif difficile à atteindre certes, mais la seule pertinente pour l'heure.
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Très pertinente réponse, Ndack. L'évolution historique est importante et nous devons donc cesser de vivre comme il y a 200 ou 400 ans, quand il n'y avait que peu d'humains. La responsabilisation "collective" passe par une responsabilisation individuelle, il me semble. Chacun doit faire une introspection critique et arriver à des décisions enlignées sur des conséquences que nous jugeons acceptables. Le "sentiment de culpabilité" que les gens ressentent, c'est bien triste, mais c'est difficile à contourner, puisque les faits sont l'horreur totale et tout cela existe seulement parce que les gens demandent des produits animaux, dont nous pouvons nous passer entièrement. J'ai vécu cette phase de "culpabilité" aussi, évidemment, et justement, je me suis questionné sur le pourquoi de ce sentiment... et j'ai bien vu que c'était parce que je n'étais pas en accord avec toute cette souffrance et désespoir et destruction si c'est évitable (et c'est en effet évitable) et pourtant j'y participais activement tous les jours. J'ai donc tiré la conclusion logique pour lever cette contradiction interner: cesser de consommer des produits animaux. Oui, ce fut un effort, car j'aimais ÉNORMÉMENT la viande, le poisson, le fromage, etc. Mais l'inconfort de l'adaptation me paraissait rien à comparé à ce que ces êtres sensibles doivent subir. Bien que je n'aime pas ces comparaisons, c'est un peu la même chose avec l'esclavage, qui "avait toujours existé"... et à un moment les gens se sont mis à sentir de la culpabilité pour ce qu'ils faisaient, et ils n'aimaient pas se le faire dire... mais cette émotion était un signal d'actes immoraux qui devaient cesser...
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Diane Des Rochers
9/1/2018 07:23:42 am
Ceci est une belle lecture après avoir reçu ceci https://mythevegetarien.wordpress.com/2018/08/28/si-vous-voulez-sauver-le-monde-le-veganisme-nest-pas-la-solution/
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Pascal
9/1/2018 09:46:10 am
En effet Diane!! Vous devriez proposer mon texte dans les commentaires de cet article!
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Deloubes
9/3/2018 08:11:39 am
Que faire si ce n'est renoncer à la viande à tout jamais ? Perso, c'est un choix que j'ai fait depuis plusieurs années, ça et signer toutes les pétitions en faveur des animaux.... 😢😢😢
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