Les activistes qui militent pour la fin de l’exploitation animale se font parfois accuser d’attribuer aux animaux des émotions qu’ils n’ont pas ou qu’ils ne vivent pas « de la même façon que les humains ». Ainsi, ces critiques disent que les activistes « exagèrent » et qu’exploiter les animaux est acceptable. Certaines personnes ne savent pas que la dernière décennie a vu 2500 articles scientifiques avec comité de lecture publiés dans les plus grandes publications qui montrent sans l'ombre d'un doute que les animaux ONT bel et bien des émotions variées, profondes et complexes et qu’ils ont des liens sociaux et familiaux, une grande capacité à la souffrance psychologique et physique, et ainsi de suite. Ceci inclut les cochons, vaches/bœufs, chèvres, poules, coyotes, souris et tous les autres – pas seulement les dauphins, chimpanzés, loups, éléphants, chiens et chats, ces grands favoris des « amoureux des animaux »… J’ai lu une trentaine de ces 2500 articles, mais Mark Bekoff les a presque tous lus, étant l'un des plus grands spécialistes au monde sur le sujet. Il en fait une synthèse rigoureuse dans deux livres, dont le contenu est fascinant en ce qui concerne les émotions et les « relations sociales » des animaux : « Why Bees Get Depressed and Dogs Hump » et « The Emotional Lives of Animals ». Il s’avère que les animaux ont une "vie intérieure", des amis, des ennemis, des préférés, des liens sociaux et familiaux, des attachements très forts, des traits de personnalité spécifiques aux individus, et toute une gamme de comportements et émotions qui nous échappent. Ils connaissent la peine, la peur, la dépression, la solitude, l'empathie, l'ennui, le découragement, la joie, le goût de jouer et l'attachement émotionnel-affectif, etc. Ceci n'est PAS "mon opinion", mais bien le fruit d'observations des grands spécialistes du monde, le tout documenté dans des millions de pages de recherche, observations et vidéos. Ce que bien des gens veulent dire quand ils disent de ne pas comparer humains et animaux est la capacité « d'être conscient d'être conscient » (les grandes questions existentielles), la pleine conscience que la mort viendra un jour même en temps de parfaite santé et sans danger immédiat, la projection dans le futur lointain, l'ambition, la spiritualité et de façon générale, la complexité technologique et le pouvoir. Je suis d’accord, ces aspects sont bel et bien moins clairs. Mais est-ce important? Votre chien a un besoin irrésistible de sentir le derrière des autres chiens? Cherche à se rouler dans la merde? A besoin de courir, jouer et « sentir partout »? Ce n’est pas « important » pour nous les humains, mais c’est important pour lui. Tous ces comportements et bien d’autres sont « l’expérience de la vie » que fait l’individu. Vous ne comprenez peut-être pas son « expérience de la vie » et lui ne comprend pas la vôtre, mais ça ne change rien à l’affaire. Cet individu veut vivre et « aime la vie », pour autant que sa vie ne soit pas l’enfer indescriptible de la majorité des individus exploités et tués par les humains. Les animaux en élevage, transport et abattoirs présentent des comportements évidents de terreur, tristesse, dépression, douleur, etc. Ils tentent de fuir et d’éviter le mal qu’on leur fait, ils désespèrent de leur confinement, ils tentent de se rassurer entre eux dans les horreurs qu’ils subissent et qu’ils voient infligées à leurs membres de familles et les autres qu’ils peuvent voir et entendre, etc. Comme le dit si bien Matthieu Ricard, les animaux sont « d’autres peuples » sur cette planète et il est temps de les voir ainsi. Ces « autres peuples » sont infiniment moins « puissants » et très différents de nous, oui, mais ils sont d’autres « peuples », des réfugiés dans notre monde artificiel. Il est vrai que les animaux n’ont pas notre complexité, nos crises existentielles profondes, notre spiritualité, notre pouvoir, notre technologie, notre art ou notre science. Et alors? On peut en dire de même pour les humains trisomiques, les très jeunes enfants … « donc » on les exploite sans merci? Aussi, certains justifient l’exploitation animale en soutenant qu’ils « ne comprennent pas ce qui leur arrive ». C’est vrai que les animaux ne comprennent pas notre système axé sur leur exploitation. Ils sont confus et ne comprennent pas pourquoi on les terrorise de la sorte, les mères ne comprennent pas pourquoi on leur enlève leurs bébés. Un enfant à qui on fait du mal ne comprend pas non plus ce qui se passe. Est-ce là une justification qui tient la route pour infliger terreur, confinement, souffrance et mort? Pour les tuer les uns derrière les autres? Pour prendre leurs bébés? Pour tuer leurs collègues et bébés? Ceci mène certaines personnes à dire qu'il faut donc simplement leur donner « une belle vie » : s'ils sont tués sans souffrance physique et sans peur après « une belle vie », c'est acceptable. Outre les aspects opérationnels/concrets TRES « déconnectés de la réalité » de cette affirmation naïve dont je parle dans « La viande éthique et locale », MEME si l'animal a "une belle vie" et est tué seul (pas devant ses amis/famille) d'une balle dans la tête, il n’est pas justifiable d’exploiter des animaux sans défense quand il est possible de ne pas le faire. Enlever de façon intentionnelle le bénéfice de « faire l’expérience de la vie » n’est pas justifiable quand c’est raisonnablement possible de ne pas le faire. Mettre au monde des êtres sensibles, dotés d’émotions et du désir de vivre dans le but explicite de les exploiter et tuer n’est pas justifiable quand c’est possible de ne pas le faire. Le fait qu’ils soient des individus inconnus et pas votre chien ou celui de votre ami n’y change rien : eux/elles aussi ont des émotions, souffrent, aiment la vie et veulent vivre. Il y a donc DEUX problèmes dans l'exploitation animale: 1) la CRÉATION de souffrance évitable (99% des cas d’exploitation animale) ET 2) enlever intentionnellement la vie d'un être sensible, alors que c'est évitable, et que cet individu aurait choisi de continuer à faire l'expérience de la vie, si le choix lui avait été présenté. Les deux combinés rendent l’exploitation animale évitable impossible à justifier ou défendre et perpétuer, et le tout repose sur une logique solide, une cohérence implacable et des faits documentés.
On entend parfois les éleveurs, producteurs de lait et autres exploiteurs d’animaux dire « mais regardez-les, ils ne souffrent pas du tout »… ». C’est la nouvelle mode : ils ont des émissions télé et ils passent dans les reportages et articles pro-lait, pro-viande des médias aveugles et ils font du « vegan bashing » et ils rajoutent couche après couche de « spin » et de distorsion de la réalité. D’abord, ils nous montrent les moments « faciles et légers » de la vie de ces animaux, ce qui n’est qu’illusion et mensonge. Ensuite, de quoi « a l’air » un animal qui souffre, exactement? De quoi a l’air un être sensible qui souffre en général? Je connais des gens qui souffrent beaucoup émotionnellement, et pourtant, ils marchent et fonctionnent normalement. Ils « semblent très bien »… vous n’y verriez que du feu si vous les observiez « juste comme ça »… La mauvaise foi, c’est de supposer que, sans « preuves scientifiques » (que nous avons par les plus grands scientifiques du monde sur le sujet), on doit supposer que les animaux n’ont pas d’émotions, ou des émotions plutôt limitées et que « donc » ils ne souffrent « pas tant que ça ». Et pourquoi supposer ça et non l’inverse? Il faut faire la différence entre « ils ont des émotions comme nous » et « comme nous, ils ont des émotions ». Un monde nouveau émerge, où le déni et les normes sociales changent. Il est temps de cesser d'exploiter des animaux tout en détruisant la planète dans le processus. Les animaux ne peuvent justement pas « rationaliser » ce qui leur arrive et ce qui est fait à leurs pairs. Ils sont totalement sans défense et « purs / innocents »… ils sont confus, ils ont peur, ils tentent de fuir, et nous, on les met entre les mains d’exploiteurs et de tueurs payés... et on tourne le regard, tout en savourant un bon ragoût. Le bonheur de l’insouciance légère est la terreur et la mort des victimes innocentes. Et 99% de tout cela est évitable! Exploiter des êtres plus « faibles » alors que c’est évitable juste parce qu’on « peut le faire » dû à notre pouvoir supérieur, c’est le fondement même de l’oppression : opprimer des sous-groupes qui ne peuvent pas « parler pour eux-mêmes » et qui n’ont pas le pouvoir de répliquer, de fuir, ou de dire non. Éviter de causer souffrance et mort à d’autres peuples quand c’est évitable, ça ne devrait pas être « spécial », ça ne devrait même pas porter un nom… ça devrait aller de soi. Pascal Bédard lechoixv@gmail.com Documentaires à voir, sur YouTube ou Netflix ou autres site web: The Game Changers Forks Over Knives What the Health Cowspiracy Dominion Earthlings Peaceable Kingdom: The Journey Home Dairy is Scary What’s Wrong With Eggs? Exposing the Fur Industry Maximum Tolerated Dose
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